Biographie de Marcel Liebman
Marcel Liebman (1929-1986)
Marcel Liebman est né à Bruxelles en 1929. Issu d’une famille petite bourgeoise et traditionaliste, il partagera, jusqu’à la fin de ses études à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) des opinions conservatrices. Son séjour à Londres en 1953 où il étudie les Relations internationales à la London School of Economics sera déterminant pour son orientation ultérieure. En compagnie d’Adeline avec qui il se mariera en 1956, il se met à travailler le marxisme et l’histoire du socialisme. Il élabore alors les principales positions idéologiques et politiques qu’il allait par la suite affermir et auxquelles il resterait fidèle jusqu’à sa mort. Sa pensée procédait d’un double refus : celui de la social-démocratie, d’une part, celui du communisme « orthodoxe », de l’autre. En 1963, il présente une thèse de doctorat à l’ULB sur Origine et signification idéologiques de la scission communiste dans le Parti ouvrier belge (1921). Par la suite il se consacrera pendant une longue période à l’étude de la révolution russe et du léninisme pour reprendre plus tard ses travaux sur l’histoire du mouvement ouvrier belge.
Professeur d’histoire des doctrines politiques et de sociologie politique à l’Université Libre de Bruxelles et à la Vrije Universiteit Brussel, Marcel Liebman a marqué une génération d’intellectuels. Auteur de nombreuses études consacrées aux problèmes du mouvement socialiste et communiste contemporain, il fut aussi un des précurseurs du dialogue israëlo-palestinien et sera notamment secrétaire général de l’Association Belgo-Palestinienne.
De 1962 à 1967, il participera à la rédaction de l’hebdomadaire La Gauche. Il sera un acteur important du mouvement de mai 1968 à Bruxelles et fondera la revue mensuelle Mai qui paraîtra de décembre 1968 jusqu’à la fin de 1973. Marcel Liebman participera ensuite à la fondation d’un nouvel hebdomadaire, qui sera Hebdo 74, puis 75 et 76. Il fera également partie du comité éditorial de la revue annuelle The Socialist Register.
Parmi ses livres, La révolution russe (« Marabout », Gérard & Co, 1967), Le léninisme sous Lénine (Seuil, 1973) et Les Socialistes belges (Vie Ouvrière, 1979) rendent compte de sa démarche d’historien du mouvement ouvrier. Mais la pensée de Marcel Liebman va à l’encontre des conformismes et des dévotions. Son « Lénine » ne peut être accepté par les léninistes, ni son histoire du socialisme par les socialistes, et encore moins, bien sûr, par les anti-léninistes et les anti-socialistes.
On retrouve dans son récit auto-biographique Né Juif (Duculot 1977 et Labor 1996) la figure de l’intellectuel intransigeant, de culture juive et qui avait vécu tragiquement « la longue nuit du nazisme ». Dans ces pages, Liebman se fera tour à tour témoin, hitorien et acteur engagé du passé et du présent.
Sa démarche intellectuelle, fondamentalement critique, se caractérise par une grande exigence d’analyse, d’une rigueur sans concession, et parfaitement nuancée. On a l’impression, en le lisant, que tout son effort vise à débusquer les détails susceptibles de contredire ou relativiser ses propres thèses.